Une activité économique freinée par la baisse des prix du fer et du diamant
La croissance sera freinée en 2025 en raison de la baisse des prix mondiaux du minerai de fer et du diamant intervenue en 2024. Cette baisse sera compensée par l’augmentation des quantités produites et exportées. A cet égard, le secteur minier continuera de bénéficier d’investissements de la part des exploitants étrangers. En mai 2024, une usine de traitement de minerai de fer, d'une capacité de 12 millions de tonnes, a été inaugurée sur le site de la mine de Tonkolili.
Mais l’activité sera soutenue par le secteur des services, stimulé par la reprise de la consommation des ménages en lien avec le repli de l’inflation, même si celle-ci restera élevée. Pour la contenir, la banque centrale a relevé son taux directeur de 350 points de base entre septembre 2023 et septembre 2024, le portant à 24,75 %. En parallèle, le gouvernement mise sur la substitution des importations alimentaires par des produits locaux, la baisse des prix mondiaux et une moindre dépréciation de la monnaie. La reprise de la demande des ménages sera néanmoins contrainte par la politique économique restrictive.
En outre, le Plan de Développement National à Moyen Terme (MTNDP) pour 2024-2030 et le programme « Big Five » visent à renforcer la sécurité alimentaire via l'initiative "Feed Salone", à développer le capital humain, à créer des emplois pour les jeunes, à réformer les services publics et à promouvoir une croissance économique durable. Ce plan inclut également des investissements majeurs dans les infrastructures électriques et les réseaux de transport ferroviaire et routier, notamment le projet du pont Lungi, reliant le nord du pays à la capitale et au port de Freetown. D'un coût de 1,5 milliard de dollars, la construction de ce pont devrait débuter en décembre 2024 et durer trois ans.
Assainissement des comptes publics, mais déficit courant persistant
Le déficit public devrait diminuer en 2024, en lien avec la hausse des recettes fiscales, notamment la réintroduction d'un droit de 5 % sur les importations de riz et de gaz à usage domestique, l’augmentation des droits d’accise sur plusieurs produits pétroliers, et la mise en place d’une taxe d’accise sur les jeux d’argent. Cependant, il pourrait légèrement augmenter en 2025, en raison d’une mise en œuvre incomplète de ces mesures et des pressions exercées par le secteur de l'énergie sur les dépenses. Les redevances minières pourraient progresser. Ce déficit sera financé par des prêts concessionnels, des dons et, dans une moindre mesure, des emprunts domestiques. Ainsi, la dette publique en pourcentage du PIB devrait diminuer en 2024 et se stabiliser en 2025.
Le déficit courant devrait légèrement diminuer en lien avec la réduction du déficit commercial, allégé par l'augmentation des recettes d'exportation de minéraux et de cacao. Cependant, les déficits des services et des revenus primaires augmenteraient en raison d’une hausse des importations de services nécessités par le secteur minier et des bénéfices rapatriés par les entreprises étrangères. Les transferts d’expatriés resteront une source de revenus significative. Le déficit du compte courant sera financé par les aides-projets et des investissements directs étrangers. Fin 2023, les réserves de change couvraient l'équivalent de trois mois d'importations.
Le FMI et la Sierra Leone ont conclu fin 2024 un nouveau programme de 38 mois assorti d’une Facilité élargie de crédit (FEC), avec un financement d’environ 253 millions de dollars US. Cet accord vise à restaurer la stabilité économique en renforçant la viabilité de la dette, à soutenir une croissance inclusive, à lutter contre la corruption et à améliorer la gouvernance, les institutions et l'État de droit.
Un climat politique en voie d’apaisement, des liens économiques avec la Chine et les Etats-Unis
En juin 2023, le président Julius Maada Bio a été réélu pour un second mandat de cinq ans avec 56 % des voix. Son parti, le Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP), a obtenu la majorité parlementaire avec 81 sièges sur 135. Les résultats ont été contestés par l’opposition, le Congrès de tout le peuple (APC) ayant boycotté les sessions parlementaires en refusant de prêter serment jusqu’en octobre 2023. Cependant, un accord a été trouvé en juillet 2024, au sein d'un comité mixte d’examen des élections, avec des propositions de réformes visant à renforcer la transparence du processus électoral. Malgré cela, une partie de la population reste insatisfaite, en raison de l’inflation, de l'insécurité alimentaire et de la faiblesse des services publics.
La Chine restera le principal partenaire commercial de la Sierra Leone, représentant son principal marché d’exportation, en particulier minier. Elle est également la principale source d’investissements, notamment dans le secteur minier où la société chinoise Leone Rock Metal Group exploite la mine de fer de Tonkolili. Les entreprises chinoises sont également engagées dans d’importants projets d’infrastructure, tels que le pont de Lungi, les télécommunications ou la production électrique. De leur côté, les Etats-Unis prendront en charge le développement de la transmission électrique.