Tadjikistan

Asie

PIB / Habitant ($)
1 183,9 $
Population (en 2021)
10,0 Millions

Evaluation

Risque Pays
D
Climat des affaires
D
Précédemment
D
Précédemment
D

suggestions

Résumé

Points forts

  • Abondance des ressources naturelles (minerais et coton)
  • Immense potentiel hydroélectrique avec la construction du barrage de Rogoun
  • Population jeune (50 % a moins de 25 ans)
  • Assurance du soutien financier des bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux, dont la Chine
  • Membre de l’Initiative de la Ceinture et de la Route (ICR) portée par Pékin

Points faibles

  • Forte dépendance à la Russie (transferts de la diaspora et défense) et à la Chine (infrastructures et dette)
  • Dépendance aux exportations de matières premières et faible diversification de l’économie
  • Système bancaire fragile et sous-développé
  • Rôle limité du secteur privé face aux compagnies d’État, faiblesse des IDE (1,4 % du PIB en 2023 dont 90 % proviennent de Chine)
  • Népotisme, gouvernance défaillante et environnement des affaires dégradé
  • Voisinage avec l’Afghanistan et conflit de basse intensité avec le Kirghizistan
  • Géographie difficile et vulnérabilité élevée aux catastrophes naturelles

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Kazakhstan
21%
Ouzbékistan
12%
Chine
12%
Europe
11%
Turquie
10%

Import des biens en % du total

Russie (Fédération de) 28 %
28%
Chine 20 %
20%
Kazakhstan 15 %
15%
Ouzbékistan 7 %
7%
Europe 6 %
6%

Perspectives

Cette rubrique est un véritable outil pour le directeur financier ou le credit manager dans l'entreprise. Elle informe sur les moyens de paiement à utiliser et sur la façon de mener des actions de recouvrement.

Baisse de la croissance sur fond de normalisation des remises de la diaspora

En 2024, voire plus encore en 2025, la croissance économique devrait ralentir, alors que son principal carburant, les envois de fonds des travailleurs expatriés (37,4 % du PIB en 2023) – dont l’essentiel provient de Russie et sur lesquels repose largement la consommation des ménages –, se raréfiera, signant un retour progressif à la normale après le montant record de 2022 (50,9 % du PIB). Dans le même temps, à peu près tous les secteurs, à l’exception des services, enregistreront des niveaux de croissance a priori plus faibles, après les bons résultats de 2023. Le Tadjikistan pourra également moins compter sur sa base d’exportation restreinte – elle aussi en berne – composée essentiellement de produits miniers (or, cuivre, zinc, plomb, etc.), représentant 58,6 % des exportations en 2022, de coton (10,1 %) et d’aluminium (7,0 %), en raison d’une baisse de la demande mondiale.

Tous les vents contraires mis à part, le gouvernement compte presque exclusivement sur une poignée de projets infrastructurels phares, portés à bout de bras par la dépense publique, pour soutenir la croissance et créer de l’emploi, même si une gouvernance défaillante et un environnement des affaires opaque limitent les perspectives d’une telle stratégie. La construction du barrage de Rogoun, le plus haut du monde, dont les travaux – maintes fois reportés – ont repris en 2022 et devraient s’achever en 2039, en fait justement partie. Concentrant près d’un quart des dépenses publiques en capital (11,3 % du PIB en 2023), le projet doit, à terme, faire du Tadjikistan un leader régional de production d’électricité, avec à la clé des gains significatifs sur les revenus d’exportation mais aussi sur la croissance potentielle (de l’ordre de 0,5 point de pourcentage). L’État, qui en finance une bonne partie, peine à mobiliser des financements extérieurs, malgré le soutien de plusieurs banques de développement multilatérales et, dans une moindre mesure, de quelques partenaires bilatéraux historiques (Arabie Saoudite, EAU), alors que le coût de construction restant avoisine les 6,4 milliards de dollars.

Le développement du crédit au secteur privé, moribond au Tadjikistan (12,3 % du PIB en 2023), devrait se poursuivre en 2025, comme en 2024, accompagné par la politique expansionniste de la Banque Nationale du Tadjikistan (BNT). Son principal taux directeur (9 % en août 2024) enregistre depuis octobre 2022 une diminution de 450 points de base, alors que la dédollarisation progressive du secteur financier (le ratio de prêts en devises passant de 65 % à 35 % entre 2015 et 2023) lui confère un rôle de plus en plus important. L’inflation devrait repartir à la hausse dès 2024, toujours contenue dans la fourchette cible de la BNT – comprise entre 4 % et 8 % – mais égratignant au passage la croissance de la consommation des ménages (84,5 % du PIB en 2023), alors que le ralentissement économique chez le puissant voisin russe risque d’amoindrir encore un peu plus les transferts d’argent à destination des familles restées au pays, au-delà de la simple normalisation. En cause, la revalorisation des pensions de retraites et des salaires publics de 40 % ainsi que la hausse des tarifs de l’électricité survenues au 1er janvier 2024, alors que des pressions à la baisse sur le somoni pourraient attiser la hausse des prix des produits de base, essentiellement importés.

Détérioration des comptes publics et extérieurs

Malgré l’apparent souci des autorités de rester proche de l’équilibre budgétaire, la situation des finances publiques continuera de se dégrader en 2024, avant de se stabiliser en 2025, en ligne avec un déficit maximal de 2,5 % du PIB. Cette tendance reflète, avant tout, les dépenses d’investissement toujours plus élevées (principal poste de dépenses), nécessaires pour financer la construction de la centrale hydroélectrique de Rogoun et d’autres projets infrastructurels majeurs. Elle résulte également du maintien par le gouvernement de sa politique de dépenses sociales omniprésente (dans les secteurs de l’énergie et de l’agriculture en particulier), en place depuis la pandémie. En dépit des allègements fiscaux prévus par le nouveau code des impôts introduit en janvier 2022 (sous la tutelle de la Banque mondiale), les revenus progresseront également, portés par la croissance économique (même ralentie) et la suppression progressive de certaines exemptions fiscales inefficaces, sans toutefois réussir à compenser la politique expansionniste du gouvernement. Le déficit public sera largement financé par des ressources externes, en particulier par l’extension de prêts accordés par la Chine (première créancière) et le soutien des bailleurs multilatéraux régionaux, rassurés par l’assistance technique fournie par le FMI au moyen de son Instrument de coordination de la politique économique (ICPE) depuis février 2024 pour une durée de 22 mois. La dette publique – dont près de 90 % est détenue à l’étranger – poursuivra sa dynamique baissière, à un rythme toutefois nettement moins soutenu.

Le solde de la balance courante est redevenu légèrement déficitaire depuis 2023, après trois années d’excédent induites par les niveaux records des transferts de la diaspora. Les importants déficits de la balance commerciale (-29,8 % du PIB en 2023) et de celle des services (-5,4 % du PIB) se creusent, sous les effets combinés de la perte de dynamisme des exportations, ainsi que de la robustesse des importations de biens de consommation, d’intrants et de services pour les projets d’infrastructures. Ces déséquilibres ne sont plus totalement compensés par les envois de fonds des travailleurs saisonniers ou expatriés en Russie ou au Kazakhstan (34,4 % du PIB en 2023) – dont la progression a ralenti en 2023 et qui diminueront sûrement en 2024 et en 2025 du fait qu’ils n’y sont plus aussi bienvenus depuis l’attentat du Crocus City Hall. Le déficit de la balance courante sera financé par des dons et des prêts-projets encore largement concessionnels auprès de partenaires bilatéraux et multilatéraux, si bien que les réserves de change – équivalentes à 7 mois d’importations fin 2023 – demeureront à un niveau confortable.

Féroce répression du régime d’Emomali Rahmon

Le président du Tadjikistan, Emomali Rahmon, maintient un système politique autoritaire et répressif tout en assurant, peu à peu, l’ancrage de sa famille au pouvoir. Son fils, Rustam Emomali, est ainsi devenu président de la chambre haute du Parlement en avril 2020, le plaçant ainsi en première position pour succéder à son père, qui dirige le pays depuis 1994. Alors que le mécontentement de la population – exacerbé par le manque de libertés individuelles dans ce pays enclavé parmi les plus pauvres d’Asie centrale – ne cesse de croître, le risque d’un soulèvement reste néanmoins assez peu probable, compte tenu de la sévère répression politique et religieuse de la part du pouvoir en place. Emomali Rahmon et ses proches resteront donc, sauf surprise, solidement accrochés au pouvoir, bien au-delà des prochaines élections législatives de 2025 et présidentielles de 2027 – très probablement entachées de multiples irrégularités, comme toutes les précédentes.

Sur le plan international, le Tadjikistan maintient une position neutre vis-à-vis de la guerre en Ukraine, malgré les liens forts historiques – économiques et sécuritaires – qui l’unissent à la Russie et son appartenance à l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC), qui regroupe six anciennes républiques soviétiques sous la houlette de Moscou. Cependant, à mesure que le Kremlin s’engage plus en avant dans la guerre, l’influence de la Chine – premier partenaire bilatéral (aide, prêts, investissement) – grandit, alors que Pékin renforce aussi sa présence militaire. Le pays est, de surcroît, membre de l’Organisation de la Coopération de Shangaï (OCS) depuis sa création, en 2001. Le Tadjikistan doit également faire face à deux menaces directes dans la région. La première avec le Kirghizistan, alors que des différends sur le tracé des frontières et le partage des eaux, consécutifs à l’effondrement de l’URSS, occasionnent des affrontements réguliers, dont les plus récents, entre 2021 et 2022, ont provoqué la mort de plusieurs centaines de militaires et de civils mais aussi des déplacements massifs de population. La seconde avec l’Afghanistan, alors que Douchanbé désapprouve le régime Taliban, au pouvoir depuis 2021, et que la prolifération de groupes terroristes, plus extrêmes encore, constitue un danger pour la sécurité intérieure du Tadjikistan. D’autant plus que la frontière entre les deux pays, extrêmement poreuse, favorise les va-et-vient d’une population majoritairement tadjike dans le nord de l’Afghanistan, qui recrute facilement au Tadjikistan, où la répression religieuse déplaît beaucoup. Ce dernier souffre, par ailleurs, d’une image dégradée sur la scène internationale depuis l’attentat islamiste du Crocus City Hall à Moscou (près de 150 morts) en mars 2024, perpétré par des immigrés tadjiks.

Dernière mise à jour : août 2024

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